[Critique] Gears of War : Judgment

La franchise Gears of War est de retour avec son nouveau titre, Gears of War : Judgment, un jeu de tir à la troisième personne développée par Epic Games, ainsi que People Can Fly, les développeurs du jeu Bulletstorm. Dans ce prologue à la trilogie, vous combattrez à nouveau sur la planète Sera les Locustes, des mutants salement violents, à qui vous devrez rendre la pareille avec les multiples armes à votre disposition. A-t-on affaire ici à un nouveau titre à succès ? Le plaisir est-il toujours au rendez-vous ?

Gears of War : Judgment

Une histoire sans intérêt

Dans ce nouveau volet de la franchise, qui a lieu avant les événements du premier titre Gears of War, vous prendrez le contrôle des quatre différents membres de l’escouade Kilo, alors qu’ils cherchent à vaincre par tous les moyens le Général Karn, chef des forces locustes qui ont envahi Halvo Bay. Ainsi, même si l’histoire met en vedette l’officier Damon Baird, vous aurez aussi l’occasion de contrôler Augustus Cole (ou « Cole Train »), ainsi que deux nouveaux personnages : soit la cadette Sofia Hendrick, et Garron Paduk, un séparatiste de la dernière guerre civile. L’histoire se déroule comme un vieux cliché : l’escouade Kilo a été arrêtée par le Colonel Loomis pour « crime de guerre », et est interrogée lors d’un tribunal afin de reconstituer les événements qui l’a menée à commettre son crime inconnu. Les différents chapitres de la campagne sont ni plus ni moins des retours en arrière, où les membres de l’escouade racontent les événements à tour de rôle.

C’est du déjà-vu : il y a un gros méchant, un supérieur détestable, des protagonistes rebelles, et de la narration… ça laisse à désirer. Le pire, c’est qu’il y a du potentiel, des avenues qui auraient pu être explorées, et souvent, ça saute en plein visage ! Il y a des morts un peu partout, des signes que certains endroits ont déjà été habités, mais vous ne ferez hélas aucune rencontre de réfugiés. Les niveaux sont des champs de bataille vides et sans vie, les morts sont des porte-fusils, et même les rencontres potentiellement douloureuses d’un membre de l’escouade et d’une connaissance décédée passent inaperçues. Garron Paduk est le seul membre séparatiste de l’escouade, mais il n’est réellement en conflit qu’avec le colonel Loomis. Autrement dit, tous les éléments sont là pour donner un peu de piquant au récit, mais rien n’est fait. La dernière guerre civile entre la CGU et les séparatistes est explorée en surface seulement, tout comme la guerre contre les Locustes. Bref, l’histoire manque cruellement de profondeur.

Gears of War : Judgment

Pur plaisir

Le gameplay de Gears of War : Judgment n’a guère changé depuis les derniers titres. Vous êtes toujours vêtu de votre grosse armure et vous courez de couvert à couvert avec les différentes armes à votre disposition. Et ça marche bien ! Il y a une panoplie d’armes, toutes différentes dans leur maniement et leurs dégâts infligés. Vous aurez bien du plaisir à les essayer et à choisir vos préférées selon les différentes situations. Chaque personnage ne peut porter que deux armes à la fois, ce qui vous force à faire quelques choix stratégiques entre les armes à courte, moyenne et longue portée. Vous trouverez aussi des armes lourdes aux munitions limitées que vous ne pourrez pas trimbaler librement, mais qui causent des dégâts démentiels et peuvent vraiment vous sauver d’une mauvaise situation. Autrement dit, le cœur du jeu est absolument plaisant. Les rencontres corps à corps avec le fusil Lanzor et sa scie électrique, qui vous permet de couper en deux vos ennemis, sont l’un des meilleurs moments dans le jeu. Il faut aussi mentionner la nouvelle option du jeu qui vous permet de « déclassifier » vos missions. En gros, les 6 chapitres de la campagne principale sont séparés en un certain nombre de sections. Plus vous êtes efficaces lors de ces sections, en faisant des tirs à la tête par exemple, ou en déchiquetant vos ennemis, plus vous gagnerez d’étoiles, jusqu’à un maximum de trois. En choisissant de déclassifier vos missions, vous débloquerez non seulement quelques répliques additionnelles des membres de l’escouade Kilo, mais vous gagnerez aussi plus rapidement vos étoiles. Le hic, c’est que déclassifier une mission rajoute un défi de plus à votre section. Dans certains cas, on vous rendra la tâche moins facile en vous jetant de la poussière dans les yeux ou en fermant les lumières, d’autres défis vous limiteront à l’utilisation de certaines armes seulement, et enfin, on vous demandera aussi de terminer une section dans un temps limité. Bref, pour celui qui le souhaite, la difficulté est certainement au rendez-vous.

Gears of War : Judgment

Ratatatata, à couvert, ratatatata, détruire une porte…

Il faut cependant avouer que si les mêmes mécaniques et les défis sont au rendez-vous, Gears of War : Judgment est un jeu qui offre peu d’originalité dans la construction de ses niveaux. Il y a des tonnes de pièces vides sans ennemis ou munitions, des chemins inutiles qui mènent vers des culs-de-sac. Il y a en outre beaucoup de répétition au rendez-vous. Un scénario vous demandera de survivre à l’assaut de différentes vagues locustes en vous installant un périmètre de défense, alors qu’un autre vous demandera d’escorter ou de protéger un robot ou un objet aux points de vie limités. En gros, ce sera toujours du pareil au même : vous tirerez sur des ennemis dans une zone avec des murs pour vous mettre à couvert, vous casserez une porte puis vous vous rendrez à la prochaine section. C’est très répétitif, et les défis rajoutés en déclassifiant une mission ne seront pas toujours suffisants pour changer la donne. À certains égards, c’est toute la campagne en entier qui souffre du même problème : il y a peu sinon aucune variation dans la tension. Les ennemis ne seront pas toujours plus difficiles à tuer en avançant dans les niveaux, aucune rencontre ne sera plus exotique ou significative que la dernière. À part pour les ennemis qui vous attaquent, tous les niveaux sont à peu près statiques. Où est passé l’excitation qui venait avec la rencontre des vers de pierre qui creusaient dans les cavernes et qui servaient de couverture ? Où sont passés les combats épiques à bord du « Betty » ? En comparaison, la campagne principale est d’un lamentable, ce qui fait paraître le jeu comme un vulgaire cash-in sur la loyauté des fans de la franchise…

Si vous avez la patience ou les pouces rapides, gagner suffisamment d’étoiles vous permettra de débloquer la deuxième campagne du jeu, qui se veut un peu plus courte. Celle-ci, nommée « Les conséquences », a lieu durant les événements de Gears of War 3, et met de nouveau en vedette Damon Baird, ainsi que Garron Paduk. Cette campagne se veut comme un épilogue de la première, et fait un bien meilleur travail que cette dernière côté conception des niveaux, ainsi que pour le déroulement de l’histoire. À les comparer, c’en est un peu surprenant d’ailleurs. Cela dit, elle vaut donc le détour, et les fans l’aimeront sans doute.

Gears of War : Judgment

Le multijoueur

Gears of War : Judgment réussit un peu plus son pari quand il s’agit du multijoueur. Il y a cinq options disponibles, soit le mode Survie, où vous devez défendre des générateurs ou des puits des vagues locustes qui l’attaquent, et le mode Invasion, qui ressemble un peu au dernier, mais où les joueurs peuvent choisir de jouer les locustes ou la CGU. Il y a aussi les classiques Foire d’empoigne (Match à mort), Match à mort en équipe, ainsi que Domination, où il faut marquer des points en capturant des bases. C’est sans doute le mode Survie et Invasion qui sont les plus intéressants, somme toute, car ils demandent aux joueurs de choisir entre quatre classes de personnage : le soldat, l’ingénieur, le repérage ou le médecin. Chaque rôle donne accès à des armes et habiletés différentes, et c’est en combinant les quatre que le groupe peut espérer réussir à repousser les vagues ennemies. Sinon, le multijoueur offre à peu près le même gameplay. C’est un peu de plaisir avec quelques bogues ici et là, mais sans trop. On peut entre autres jouer la campagne solo en coopération avec d’autres joueurs, et débloquer des médailles et des skins pour les fusils et personnages utilisés dans le multijoueur en acquérant des niveaux et des étoiles.

Comme ci, comme ça

Il est difficile de s’abandonner complètement dans le gameplay de Gears of War : Judgment. Il y a trop de répétition, le récit n’est exploré qu’en surface, et les beaux effets graphiques et animations ne sont pas suffisants pour égaler le succès des titres de la trilogie. N’y allez pas en espérant une super campagne solo ou des innovations… c’est une prolongation, une pêche aux fans de la franchise. Il y a beaucoup mieux sur le marché. Cela dit, si vous êtes un grand fan de Gears of War, ce titre vous plaira, peu importe ce qu’on dit. Mais si vous êtes un nouveau venu, intéressez-vous à la trilogie, plutôt. C’est moins cher, et beaucoup plus excitant.

À propos de Gildo Conte

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Un commentaire

  1. Samuel Caron

    Spa un vrai Gears of war, mais yer bon pareille j’y donne un 8/10

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