Les nouvelles technologies et l’enseignement

Un scénario fictif aide à mieux comprendre un sujet en le mettant en contexte. Comme j’aimerais aborder la question des nouvelles technologies dans le milieu de l’éducation, regardons d’abord un cas typique, celui d’une enseignante dans une classe qui désire intégrer des iPad dans son enseignement.

Le scénario

Appelons-la Maryse.

Maryse est enseignante dans une école primaire et, trouvant du financement après avoir fouillé un peu partout, elle décide de se procurer une dizaine de iPad pour ses élèves. Elle a tout plein d’idées dans sa tête, possédant déjà le sien à la maison, c’est donc surexcitée qu’elle reçoit les petites bêtes quelques semaines plus tard.

Que veut faire Maryse de ces beaux jouets reçus en classe ?

Intégrer les nouvelles technologies dans le domaine de l’éducation peut représenter un véritable défi. Je tenterai d’exposer les défis auxquels une enseignante comme Maryse doit faire face afin d’intégrer dans son enseignement les nouvelles technologies, omniprésentes dans la société.

Tout ce qui brille n’est pas or

Quelle est la première réaction que nous avons lorsque nous voyons les premières images, les premiers vidéos d’un tout nouveau gadget attendu (ou non) depuis longtemps ? L’envie, ce désir irrépressible de le posséder. Maintenant. Naturellement, nous cherchons alors par tous les moyens à justifier un tel achat dans un cadre professionnel. Réaction humaine normale et compréhensible dans les circonstances.

Ce qui se justifie aisément assis sur un divan, affalé devant la télé, les doigts graisseux d’avoir mangé trop de chips ne fait pas nécessairement de sens dans un contexte professionnel. Surtout dans le milieu de l’éducation.

Il est beaucoup trop facile de se laisser emporter par le désir de posséder l’objet sans vraiment savoir comment s’en servir. Peut-être serait-il pertinent de réfléchir à tout ça avant d’aller de l’avant…

Mieux vaut un mauvais plan que pas de plan du tout

Dans le milieu de l’éducation, on a affaire à de jeunes humains. Des élèves. Avec tout ce que ça implique. Contrairement aux ordinateurs, les élèves ne font pas toujours ce qu’on leur demande. Et même lorsqu’ils s’exécutent, ils demandent un niveau d’attention et de surveillance très important.

Poursuivons le scénario que nous avons commencé. Maryse a prévu utiliser les iPad dans le cadre d’une leçon de math. Elle sort les iPad, place les élèves en équipe de deux et leur demande de toucher l’application qu’elle a choisi d’utiliser. Sur-le-champ, plusieurs mains se lèvent pour dire que ça ne fonctionne pas et, se déplaçant dans la classe pour répondre aux questions, la professeure constate que quelques iPad ne sont pas du tout utilisés pour faire la leçon.

Maryse était préparée. Elle avait trouvé, acheté et installé l’application qu’elle comptait utiliser. Elle l’avait testée. Elle avait structuré sa leçon autour de l’utilisation du iPad ce qui a rendu sa tâche d’autant plus facile.

Ce court scénario démontre bien la nécessitée d’avoir un plan d’action qui tient compte de la réalité avant d’introduire une nouvelle technologie. Dans notre histoire, Maryse avait pris le temps de bien préparer sa leçon en tenant compte de ce qu’elle voulait enseigner, du niveau de familiarité de ses élèves avec la nouvelle technologie et du contexte de sa classe en testant les applications qu’elle voulait utiliser.

Les tentations

Il est très facile d’oublier la leçon et les élèves, de n’en avoir que pour la technologie, le jouet, le gadget. Il serait très facile de laisser les élèves s’amuser avec ces iPad. La gestion de classe en serait définitivement simplifiée. Est-ce que cette façon de faire sert bien la raison d’être de l’école ? Sert-elle l’enseignement et l’apprentissage ?

On pourrait aussi imaginer que les iPad ne sont utilisés que comme système d’émulation. Les élèves qui se comportent bien en classe y auront accès alors que les autres devront s’en passer. Mais n’est-ce pas là une façon beaucoup trop réductrice de voir les nouvelles technologies ?

En éducation, les nouvelles technologies peuvent être un puissant outil de motivation à l’apprentissage. Ces mêmes nouvelles technologies peuvent mener à des innovations dans les techniques d’enseignement. Mais ça, c’est un sujet pour une prochaine chronique.

Et après ?

La technologie n’est pas une fin en soi. Elle doit servir nos besoins et nous aider à atteindre nos buts.

En éducation (et j’imagine qu’il en va de même dans la plupart des sphères de la société), on oublie souvent que la technologie est d’abord et avant tout un outil qui doit, tout comme ces vieux outils de pierre, servir nos besoins. Il est trop facile de se laisser charmer par tous ces nouveaux gadgets qui, chaque jour, nous tentent. Il n’est pas rare que la saveur technologique du jour finisse par n’être qu’un accumulateur de poussière qu’on oublie dans le fond d’une armoire. D’où l’importance de prendre le temps de planifier leur utilisation dans un cadre scolaire.

Un peu comme Maryse dans notre histoire.

Image : flickingerbrad

À propos de Nelson

Coordonnateur TI pour la Commission scolaire Kativik, je travaille au Nunavik depuis plus de 10 ans. J'y ai enseigné et j'ai aussi été directeur d'école. Je me passionne pour les technologies et la science depuis toujours. En plus de publier mon propre blogue, un peu laissé à l'abandon depuis quelque temps, j'écris aussi pour leglobe.ca. Il va sans dire que mes écrits n'engagent que moi et ne reflètent pas nécessairement les opinions mon employeur.

Aussi à voir...

Logo Gameable

Gameable : entrevue avec la co-fondatrice Ambre Lizurey

La première cohorte de Gameable, en collaboration avec Technovation Montréal, débutera le 10 mars prochain. …

Laisser un commentaire

Votre adresse courriel ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

For security, use of Google's reCAPTCHA service is required which is subject to the Google Privacy Policy and Terms of Use.

Ce site utilise Akismet pour réduire le pourriel. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.